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Alain Coulange, « Brouhaha »

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© Vivianne Zenner

 

«  Voilà, tu écris. Encore et encore. Porté par ce désir. De paraître, d’apparaître. Désir qui ne comble rien. Qui efface. Te fait disparaître.

 

Mieux vaut arrêter ce flux qui s’étend et déborde. Ce n’est qu’une pauvre démonstration. Inutile. L’inutilité ne nous sauve pas. Nous le saurions si quelque chose devait nous sauver.

 

Ce flux, mieux vaut qu’il cesse. Et que par cet arrêt écrire cesse aussi.

[…]

 

Tout le monde écrit des livres

 

L’accès au livre est un trou d’épingle. On voit difficilement à l’intérieur. Il faudrait sur le champ inventer une lumière. On n’écrit pas en cultivant l’obscurité. On la combat. Pour voir ce que personne ne voit. Voir le livre avant qu’il s’écrive. le considérer en un instant. La langue ne règne pas seulement par la puissance de son obscurité mais par la puissance de sa rapidité. Voir l’ombre et le nombre. Tant de phrases prêtes à se former. Comment les éveiller à elles-mêmes ? Le livre vient quand il veut. Il surgit telle une apparition. Une volupté. Pièce détachée. Il se détache. La première chose qu’on a dite est qu’il ne devait pas s’écrire. On a été démenti. Il est sorti du trou. Du fatras. Tout le monde écrit des livres. Tout le monde n’écrit pas des livres comme tout le monde. »

 

Alain Coulange

Brouhaha

End éditions

http://endeditions.com/index.html

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